La psychologie au service du recrutement
Publié le 19/12/2015 à 12:46:58 par Didier - Mise à jour de l'article le 28/02/2016
La caractérologie est une branche de la psychologie qui a pour objet l'étude du caractère psychologique d'un individu. Gaston Berger (1896-1960) était un chef d'entreprise qui consacrait ses loisirs à la philosophie et à la psychologie. Il complète le modèle établi par René Le Senne et publie en 1950 le Traité pratique d’analyse du caractère.
D'après la classification établie par Gaston Berger, les caractères se divisent en fonction de la variabilité de trois facteurs :
l'émotivité
l'activité
le retentissement
L'ensemble des combinaisons de ces trois facteurs décrit huit caractères de façon assez précise.
L'émotivité
Elle mesure la facilité avec laquelle un sujet est ému. Elle mesure en fait l'excitabilité du sujet, sa sensibilité sa réactivité nerveuse aux stimuli et plus particulièrement ceux de nature affective. Est donc émotif un sujet dont l'ébranlement interne est supérieur à l'excitation, par exemple, le sursaut au moindre bruit. Sur le plan affectif, l'émotif vibre pour un rien ou peu de chose. Il est souvent, davantage qu'un autre, réactif au milieu ou à ses impressions internes. Soit, il vit dans la fièvre, l'enthousiasme, soit il vit dans le repli de son hypersensibilité.
C'est un sujet qui ne cesse de ressentir, de désirer, de s'enthousiasmer, de craindre, de s'étonner de se réjouir, de s'indigner, d'espérer ou de désespérer. Donc, en résumé, un émotif est celui qui est troublé pour des riens, quand la plupart des hommes ne le sont point, ou qui, dans des circonstances données, est plus violemment ému que la moyenne.
Moi-même je suis un émotif.
A l'inverse, un sujet non émotif ou très peu émotif, ne sera troublé que dans des circonstances rares, il ne sursaute pas, il est d'humeur plutôt égale, voire indifférente, il garde comme on dit son sang froid, et la tête sur les épaules. L'émotif correspond au type « sentiment ». Le non émotif correspond au type « pensée ». Pour le premier nommé : « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Pour le second : « la raison ne connaît pas les intérêts du cœur ».
L'activité
Ce n'est pas seulement le comportement de celui qui agit beaucoup, mais plutôt la « disposition à agir facilement », dit BERGER. L'actif ne se force pas pour agir, au contraire, il est toujours prêt à faire quelque chose. Il ne remet pas au lendemain ce qu'il peut faire le jour même. Les difficultés, les obstacles le stimulent. A l'inverse, il s'inhibe et se sent mal à ne rien faire, il ne peut pas rester inoccupé.
Le non actif se force à agir. Il le fait par nécessité, par devoir ou par automatisme, ce qui lui évite de sentir la contrainte, ou encore il agit par salves, de façon irrégulière, lorsqu'il est motivé par quelque chose qui lui plaît. Il remettra toujours au lendemain ce qu'il pourrait faire le jour même, particulièrement ce qui représente pour lui une corvée, et il s'en connaît beaucoup. L'actif représente dans les autres typologies ce que l'on appelle le sthénique, alors que le non actif l'asthénique. Cette aptitude modèle la physionomie et CORMAN précise que les premiers ont des traits plus énergiques alors que les non actifs ont des traits plus mous, affaissés, ou tout simplement plus doux et arrondis.
Je suis un actif, un fonceur !
Le retentissement
Soit il est direct et immédiat, ce qui correspond à la réaction de type primaire, soit il est indirect et différé, et c'est alors la réaction de type secondaire. La vie d'un sujet de type primaire est sous la dépendance des événements présents, dit BERGER. Chez le primaire, c'est l'excitation présente qui sollicite la mémoire et lui demande les informations utiles, celles qui pourront le mieux permettre une action adaptée. Chez le secondaire, le passé ne sert pas uniquement à appuyer le présent. Il le prédétermine, l'oriente, le dessine d'avance.
Le retentissement analyse donc en quelque sorte la durée entre l'excitation, le stimulus et la réponse. Tantôt cette réponse est immédiate, calquée sur l'acte réflexe de la moelle qui protège par le réflexe de retrait l'individu contre la douleur, la brûlure, la piqûre. CORMAN emploie l'excellente expression « l'action est à court-circuit ». C'est le retentissement, dît cet auteur, des sujets « prime-sautiers », donc de « primes mouvement ». Le comportement du primaire sera ainsi fait de spontanéité, de naturel, d'impulsion, voire de caprice, de confiance et de crédulité, d'absence de rancune. Il sera de nature imprévoyante, vivant au jour le jour. C'est le sujet qui vit au présent.
Le comportement du secondaire sera contrôlé ou calculé ou emprunté. La confiance et la crédulité du premier, c'est à dire le primaire, font place ici à la réserve et à la méfiance. Le secondaire est plutôt rancunier. Son action, ses émotions, ses buts tiennent compte du passé et se préoccupent de l'avenir. Le secondaire est prévoyant. C'est la personne qui n'oublie pas tout ce qui lui est arrivé pour en tenir compte dans ses attitudes ou bien qui rumine ses souvenirs, bons ou mauvais ou encore qui projette son avenir de façon lointaine, il le modèle et tend à le réaliser par des efforts continus.
Le secondaire est affecté durablement et profondément par les choses, tout comme moi.
Les huit caractères selon Gaston Berger
La composition de ces trois facteurs détermine huit caractères :
1 l'E.A.P : l'émotif, actif primaire donne le caractère colérique encore appelé enthousiaste
2 l'E-NA-P : l'émotif, non actif, primaire, donne le caractère nerveux.
3 l'E-A- S : l'émotif, actif, secondaire, donne le caractère passionné.
4 l'E.NA.S : l'émotif, non actif, secondaire, donne le caractère sentimental.
5 l'NE.A.P : le non émotif, actif, primaire, donne le caractère sanguin.
6 l'NE.NA.P : le non émotif, non actif, primaire, donne le caractère amorphe.
7 l'NE.A.S : le non émotif, actif, secondaire, donne le caractère flegmatique.
8 l'NE.NA.S : le non émotif, le non actif, secondaire, donne le caractère apathique.
Ces huit caractères correspondent à huit types de comportement bien précis et ont été décrits minutieusement par LE SENNE d'abord, et ensuite par Gaston BERGER dans son livre « traité pratique d'analyse du caractère ». L'auteur décrit dans cet ouvrage un test composé de 30 questions, 10 portant sur l'émotivité, 10 sur l'activité, et 10 sur la secondarité ou retentissement. Il introduit également 6 autres facteurs secondaires du caractère, avec pour chacun 10 questions supplémentaires.
Mais ce qui apparaît à l'analyse, c'est la justesse de cette classification puisqu'en définitive il y a 4 types d'émotifs, 4 types de non émotifs, 4 primaires, 4 secondaires, 4 actifs, 4 non actifs.
A partir de ces huit caractères principaux il devient donc très facile pour un recruteur de choisir son futur collaborateur qui possède le caractère le plus adapté à la tâche qui lui sera confiée.
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