Le monde est peuplé d'incapables
Publié le 20/12/2015 à 13:17:55 par Didier - Mise à jour de l'article le 28/02/2016
« Le Principe de Peter » a été écrit en 1970 par Laurence J. Peter et Raymond Hull. Depuis cette époque, ce livre a fait couler beaucoup d'encre.
Le fameux principe de Peter est le suivant :
« dans une hiérarchie, chaque employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence »
On peut en déduire qu'avec le temps, tout poste sera occupé par un incapable. Le pire, c'est qu'il y restera puisqu'il n'aura plus de possibilité, en raison de son incompétence, d'être promu à un échelon supérieur.
Des études ont été menées
Dans une étude de 2010, distinguée par un prix Nobel, Pluchino, Rapisarda et Garofalo de l'Université de Catane présentent un modèle mathématique pour étudier la validité du principe de Peter. Cependant, ce modèle dépend fortement des hypothèses qui y sont placées. L'« hypothèse de bon sens » énonce que la compétence à un poste supérieur est fortement corrélée à celle du poste hiérarchiquement juste en-dessous. L'« hypothèse de Peter » énonce que la compétence à ces deux postes est complètement indépendante.
Les prédictions de Peter se réalisent si on suppose qu'on vit dans un monde où l'hypothèse de Peter s'applique, alors que les promotions sont faites comme si celle de bon sens s'appliquait. Les auteurs montrent même que sous cette hypothèse, une organisation basée sur des promotions aléatoires serait plus efficace que les organisations appliquant la promotion du meilleur. Mais dans la réalité économique, comment cela se passe-t-il ?
La progression salariale et les promotions
Le principe de Peter se retrouve surtout en Europe. Au début de sa carrière on va avoir quelques augmentations de salaire mais très vite on se retrouve bloqué par les grilles salariales mises en place par les entreprises. Pour augmenter son salaire il n'y a qu'une solution : passer à un niveau hiérarchique supérieur. C'est ce qu'on appelle « avoir une promotion ».
L'employé qui est performant et très compétent à son poste se retrouve donc à un poste de niveau supérieur où il ne fera plus le même travail. Ce travail sera peut-être plus intéressant et pourra lui plaire. Il peut exprimer son efficacité dans cette nouvelle tâche. Mais très vite il sera confronté au même problème et il faudra qu'il évolue à nouveau vers un poste supérieur pour continuer à progresser sur le plan de la rémunération.
Il va forcément arriver un jour où l'employé se retrouvera à un niveau qui ne correspond plus du tout à ses compétences et où il ne peut exprimer son savoir faire et évoluer professionnellement dans le bonheur. On lui a retiré les fonctions qu'il affectionnait particulièrement et dans lesquelles il était bon. Il aspire à changer de poste mais pour le faire il n'y a en général que deux solutions :
progresser vers le haut, ce qui est impossible car il est incompétent à son poste actuel
être rétrogradé vers le bas, ce qui est rarement la solution retenue car elle est accompagnée d'une diminution de salaire.
Les progressions horizontales
Il est très rare de voir des progressions horizontales et quand elles arrivent ça ne change rien au problème car la personne se retrouverait alors à des fonctions pour lesquelles elle n'a pas gravit tous les échelons et accumulé de l'expérience depuis la base. L'employé se retrouve propulsé à un poste pour lequel il n'a pas été formé et il en ressort en général qu'il n'est ni performant ni compétent à ce nouveau poste. Le problème n'est donc que déplacé et non solutionné.
On rencontre ainsi des personnes qui auront effectué plusieurs fois de suite des progressions horizontales avant de trouver enfin leur voie et se sentir bien dans leurs nouvelles fonctions. Elles seront compétentes et performantes mais il faudra bien un jour leur donner une promotion. Le problème se reposera à nouveau.
Conclusion
Au final, dans une entreprise, la plupart des postes à responsabilités sont toujours occupés par des incompétents et des incapables. Et quand quelqu'un est performant quelque part, il ne reste jamais bien longtemps en place car il est rapidement promu à une fonction supérieure où il sera sans doute plus mauvais.
Pour finir, les employés avec beaucoup d'ancienneté sont résignés et blasés en attendant l'âge de la retraite. Le monde est donc peuplé d'incapables. On en est loin du rêve du jeune cadre dynamique.
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